Hommages

Martine MONGES

Martine était l'une de nos adhérentes depuis plusieurs années. 
Toujours positive, d’humeur égale, pleine de vie et de gentillesse ; nous n’oublierons pas son fameux sourire et sa gaîté. Elle adorait peindre, elle aimait l’art et ces moments de partage.
Martine nous a quitté en mars dernier après un long combat contre une cruelle maladie et nous avons tous admiré son courage, sa volonté et sa lucidité.



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Mettre à l'honneur Hubert Martial en réservant la couverture de notre revue ART PTT à une de ses nombreuses et magnifiques œuvres nous touche énormément.

En effet, il est l'un des quatre " mousquetaires " fondateurs du groupement artistique du Limousin en 1949 ! Sans ces pionniers qui n'ont jamais compté leur temps et ont su transmettre leur passion, serions nous-là aujourd'hui ?

C'est dans les années 1950 que, séduit par la technique délicate et précieuse de l'émail introduite au sein de notre association par Guy Fantou, Hubert Martial succombe à l'appel de cet art du feu. Passion oblige, il fera partie d'un beau rêve : la première Biennale Internationale de l'Email en Limousin en 1971 et plus récemment, en octobre dernier, l'ouverture d'une maison de l'émail à Limoges.

Dès le commencement, il sait faire preuve d'une opiniâtreté de recherche dans la technique de l'émail en général, du " champlevé " et du " cloisonné " en particulier qui le mènera à une qualité de réalisation remarquable : je dis souvent d'Hubert qu'il est le " joaillier de l'émail ".

Il a su adapter cette technique millénaire à des œuvres de notre temps. A petits coups de burin précis, de polissoir, de cisèlement, de cuisson minutieusement dosée, d'essais, Hubert nous entraîne sur le chemin des orfèvres…c'est alors que nous pénétrons réellement dans cette notion de temps qui vaut aujourd'hui trop d'argent. Ce temps qui n'a plus sa dimension spirituelle, comme au Moyen-âge quand l'art laissait le temps au temps et que le travail de l'artiste était aussi une prière "

Une œuvre chez Hubert c'est la création à l'état pur, l'équilibre d'une composition, des effets de matière parfaitement harmonisés, la subtilité des coloris… c'est une œuvre unique à chaque fois. L'art chez Hubert Martial c'est l'élégance, le raffinement, la sobriété, la rigueur et la passion ! Cinq mots qui définissent Hubert Martial et son art.

Si son parcours est jalonné de prestigieuses expositions - citons le Musée de l'Ermitage à Saint Pétersbourg et le Musée de l'Evêché à Limoges - l'artiste est toujours à nos côtés notamment lors de notre dernier salon au Verdurier à Limoges où il nous avait réservé la primeur d'une magnifique et somptueuse œuvre collective : un livre ayant pour thème le Fine Amor entièrement calligraphié dont il a réalisé à l'émail champlevé toutes les lettrines...

Je dois avouer que j'ai été particulièrement fière et émue d'avoir à écrire ces quelques mots sur Hubert... mais au moment de rendre ma copie le doute est là : ai-je été à la hauteur pour trouver les mots afin de lui dire notre admiration et un grand merci ?

J'espère que cette modeste surprise le touchera ….car de vous à moi, au moment où j'écris, Hubert ne sait encore rien !
Chantal BARTHELEMY-JAMMET


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Guy FANTOU


Il y a trois mots du dictionnaire de la langue française qui définissent parfaitement Guy FANTOU : Talent - Gentillesse - Générosité. Ajoutez-y une sacrée pointe d'humour et vous avez le portrait "sans retouche" d'un homme aux multiples facettes.

Né en 1922 en Dordogne, Guy Fantou fut, dès sa plus jeune enfance, passionné par le dessin.


1936 à 1939 : ses parents l'inscrivirent à l'ENAD (Ecole Nationale des Arts Décoratifs) de Limoges. Il aborda le dessin, la peinture, mais également l'émail, la céramique... et obtiendra, la dernière année, le Grand Prix de Céramique de l'ENAD.

1946 : "l'heure n'est plus aux rêves, il faut assurer l'essentiel". Il entre aux PTT à Limoges. Il découvre La Société Artistique de Paris et participe à des expositions à Paris, Marseille et Lille.

1949 : Roland Lebaud et Guy Fantou créent l'Association Artistique des PTT du Limousin.

Les années 50 le voient passionné par les techniques des émaux champ-levés du 12ème siècle qu'il adaptera aux compositions modernes. Il explosera grâce à la Société Artistique de Paris en Angleterre, en Italie, en Turquie.

Durant les années 70 Guy est élu membre du Comité de la Biennale de l'Art de l'Email, à Limoges et crée de nombreuses pièces dont le tabernacle de l'Eglise Romane de Périgueux.

1972 :
sa mutation à Paris lui fait prendre quelques distances avec l'émail pour se livrer essentiellement à l'aquarelle : expositions personnelles, décoration murale du salon ARPHILA au Grand Palais, Salon de la peinture à l'eau. Guy prétend que "l'aquarelle est le repos du peintre !"

1982 : il est promu Chevalier dans l'Ordre National du Mérite.


1984 : retour à Limoges. La retraite va permettre à Guy "d'aquarelliser" à temps plein ; fixer ainsi les images de ses voyages sans oublier la France. Ses thèmes de prédilection sont là : chevaux, musique, fleurs, toujours saisis sur le vif.


Interview de Guy FANTOU par Chantal BARTHELEMY-JAMMET, en 2004 :

"Tout artiste à un maître, quelles sont vos références ?
Guy répond sans hésitation : Cézanne ! Bien sûr. J'admire sons sens de la construction, de l'équilibre, ses couleurs si naturelles...

A quel moment l'inspiration se faisait-elle sentir ?
A tous moments, dès que j'avais un instant, je prenais le pinceau. Janine, madame Fantou, sourit et ajoute : il se levait très tôt pour peindre avant d'allez travailler...


Guy, quand je regarde vos oeuvres, je remarque sur votre palette l'omniprésence du gris : gris clair, gris foncé, gris bleu, gris rose, gris jaune...
Il n'y a que le gris qui mette en valeur les autres couleurs. Je fais jouer le gris avec les complémentaires pour séduire l'oeil tout en douceur.

Guy, je suis époustouflée par votre parcours : quelle énergie ! Vous touchez à tout avec un talent si naturel, si simple : comment pouvez-vous expliquez cette magie qui naît sous vos doigts ?

La passion : ce besoin impérieux de prendre le pinceau et de ressentir ce plaisir devant les couleurs, l'envie de peindre toujours et encore.

Et aujourd'hui ?
C'est toujours le même besoin impérieux et un plaisir aussi intense.

Je ne quitterai pas Guy sans mettre à contribution son humour indéfectible :
Votre mot de la fin Guy ?

Ce n'est pas une fin, mais un éternel recommencement ! L'art est une merveilleuse raison de vivre, ne nous en privons pas !"